Alors que Touteleurope.eu s'apprête à lancer Tweet your MEP, première plateforme qui met en relation les citoyens et leurs eurodéputés via Twitter, le site de micro-blogging, le Français Gilles Pargneaux (S&D) nous explique pourquoi il a ouvert un compte sur Twitter, l'utilisation qu'il en fait, et pourquoi il considère Twitter comme un média efficace pour parler d'Europe.
Touteleurope.eu : Comment êtes-vous venu à Twitter ?
Gilles Pargneaux : Premièrement, c'est en observant la campagne de Barack Obama pendant les primaires que j'ai été amené à m'intéresser à Twitter. Quand j'ai vu comment il avait mobilisé ses troupes pendant les primaires, mais également pendant la campagne elle-même, j'ai compris que l'instantané et la réactivité étaient très importants.
Deuxièmement, j'ai constaté en tant que nouveau député européen que nous avions un gros problème de lisibilité vis-à-vis du grand public. J'ai fait campagne dans les dix départements qui composent ma grande circonscription Nord-Ouest. J'ai à chaque fois parlé d'Europe, et en plus en tant que socialiste ! On a beaucoup dit que pendant cette campagne les socialistes n'avaient pas parlé d'Europe, c'est faux ! Tous les soirs je parlais d'Europe, mais je ne m'adressais qu'à la centaine de personnes devant moi, qui eux-mêmes n'étaient peut-être pas des relais aussi performants que j'aurais pu le penser.
Une fois devenu député européen, je me suis donc dit qu'il fallait que mon site Internet soit très réactif, qu'il soit non seulement sur le faire-savoir d'une façon forte mais également qu'il y ait un moyen de diffuser très rapidement des informations sur mes activités, en dialoguant non seulement par l'intermédiaire de Facebook mais également de façon instantanée en twittant.
Touteleurope.eu : Comment utilisez-vous Twitter ?
G.P. : De façon quotidienne, et même plusieurs fois par jour ! A chaque fois que je considère qu'il peut être intéressant que je fasse une diffusion via mon blog, je le diffuse également sur Twitter car cela permet en quelques mots, et très rapidement, de communiquer sur ce que je fais mais également aux uns et aux autres qui consultent Twitter de réagir. C'est aussi cela l'avantage de cet outil : on peut avoir les réactions instantanément.
Quand nous sommes à Strasbourg pour la session plénière, ou même à Bruxelles, nous sommes un peu en vase clos. Twitter permet de continuer à être sur le terrain. Nous n'y sommes pas en permanence, quotidiennement, mais, grâce à Twitter, on arrive à rester sur le terrain virtuel tout en étant dans le réel puisque l'on est dans l'intéractivité, et que l'on dialogue avec des gens très réactifs.
C'est là un intérêt supplémentaire de Twitter : en quelques mots on dit ce que l'on est entrain de faire, ou on réagit nous-mêmes à un événement, et en quelques secondes on peut avoir les commentaires des internautes. Ceux-ci peuvent nous interpeller pour dire 'vous faites fausse route'.
Il faut être prudent, nous ne sommes pas avec Twitter dans des sondages grandeur nature, mais dans la réactivité de gens intéressés par notre travail, par les institutions européennes. Il y a une forme d'expertise dans les réactions que je trouve intéressante dans le cadre du travail que j'accomplis.
Touteleurope.eu : Savez-vous qui vous suit sur Twitter ?
G.P. : Il y a de plus en plus de citoyennes et de citoyens qui a priori n'étaient pas du tout dans le milieu des institutions européennes et qui ont ce regard extérieur plus inexpérimenté, plus candide.Si on n'avait que des experts de l'Union européenne qui réagissaient je pense que ce serait moins intéressant.
Touteleurope.eu : Est-ce que Twitter peut aider à renforcer l'intérêt des médias pour l'Europe ?
G.P. : Oui. Twitter a eu une influence sur ce point. L'information sur l'Europe doit aussi faire son mea culpa. Les médias français sont les premiers à ne pas être intéressés par l'Europe. Lorsque l'on est à Strasbourg, en salle de presse, et que l'on regarde l'ensemble des médias de l'Union européenne qui sont présents, il y a un grand vide du côté de la presse française, alors que les bancs sont remplis par la presse étrangère.
On a donc un réel problème mais c'est aussi la faute des politiques. Si les politiques utilisent de plus en plus Twitter, cela va permettre de développer l'intérêt pour les questions européennes et le travail que nous réalisons au sein des institutions de l'Union européenne. Par conséquent Twitter participe à cet effort de vulgarisation du travail des institutions européennes.
C'est un nouveau média, un média supplémentaire. A partir du moment où la presse traditionnelle a du mal à se mettre dans le coup, où la presse audiovisuelle a du mal à être présente comme d'autres médias européens, je pense que Twitter va prendre une place importante dans les années à venir. Alors merci Twitter !
Touteleurope.eu : En tant qu'eurodéputé, faut-il être prudent dans son utilisation de Twitter ?
G.P. : Il ne faut pas tomber dans l'anecdotique, il faut rester sur ses bases de travail, et non raconter sa vie. Il faut bien faire la différence entre sa vie personnelle et son activité d'élu, en l'occurrence de député européen. Sinon il y a mélange des genres. Comme l'homme ou la femme politique qui va dans une émission de variétés pour chanter "Les feuilles mortes" par exemple ! (Lionel Jospin en 1984, ndlr)
Pour Twitter c'est pareil, il faudra qu'à terme chacun s'auto-discipline pour faire en sorte que l'on ne soit pas dans le n'importe quoi. En même temps Twitter rapproche les députés des citoyens, de façon mutuelle, et c'est une exigence de répondre en direct : il faut faire attention à ce qu'on écrit !