Le blog de Gilles Pargneaux

Deepwater Horizon : l'Europe en tirera-t-elle les leçons ?

L'explosion de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon est considérée comme un « 11 septembre environnemental » par Barack Obama. Vingt mille barils de pétrole se déversent en effet chaque jour dans le Golfe du Mexique. Nous craignions qu'une telle catastrophe puisse se passer en Europe. C'est pourquoi nous avons abordé cette question en séance plénière le 7 juillet à Strasbourg.

L'ampleur de la catastrophe dans le Golfe du Mexique doit nous servir d'avertissement. Nous devons absolument anticiper le risque de catastrophe pétrolière.

Il faut renforcer le contrôle des plateformes pétrolières ; beaucoup d'accidents peuvent être prévenus. Les compagnies pétrolières doivent mettre en place des plans d'urgence, et nous devons les amener à rééquilibrer leurs dépenses en faveur de la sécurité. Le déséquilibre avec les sommes consacrées à la recherche de nouveaux gisements n'est pas acceptable.

N'attendons pas, une fois de plus, qu'il y ait une catastrophe pour agir et légiférer. Le cadre juridique de l'Union européenne n'est pour l'instant pas approprié. Il est nécessaire de le revoir, y compris en garantissant l'accès à des fonds suffisants pour nettoyer les côtes et pour indemniser les victimes.

Intervention en plénière sur le programme de la Présidence belge

Le grand oral d'Yves Leterme devant le Parlement européen

Le 1er juillet, la Belgique a pris la Présidence tournante du Conseil de l'Union européenne. Pendant six mois, elle présidera les négociations entre les ministres européens - à l'exception des ministres des affaires étrangères qui se réuniront à l'initiative de la Haute représentante Catherine Ashton, et des Chefs d'Etat et de gouvernement qui se réuniront sous la présidence d'Herman Van Rompuy. Mercredi 7 juillet, le Premier ministre belge, Yves Leterme, nous a présenté ses priorités lors de la séance plénière.

Premier ministre belge en charge des affaires courantes (les dernières élections n'ayant pas encore débouché sur la formation d'un gouvernement), Yves Leterme a présenté les priorités de la Présidence belge : relancer la croissance, se concentrer sur le social, protéger l'environnement, gérer les défis liés à l'immigration, l'asile et le terrorisme et mettre en place le Service européen d'action extérieure.

Suite à cette présentation, je suis intervenu pour rappeler l’importance d’agir face à la crise économique et sociale qui frappe l'Europe. Il y a urgence : 24 millions de chômeurs attendent une réponse.  

A cette occasion, j'ai fait trois propositions à la Commission européenne et au Conseil : Premièrement, un grand emprunt européen. Deuxièmement, une grande politique énergétique communautaire. Troisièmement, une taxe sur les transactions financières. Une taxe de 0,05 % sur chaque transaction financière entrainerait 200 milliards de recettes pour l'Union européenne et 2 millions d'emplois, tout en moralisant les marchés financiers. Nous ne pouvons pas passer à côté de cette opportunité.

Le Parlement bannit le bois illégal

Dans le cadre de la lutte contre la déforestation, le Parlement européen a approuvé un projet de législation négocié en codécision et en seconde lecture entre la commission environnement, la Présidence espagnole et la Commission européenne visant à interdire la vente de bois illégalement exploité, en mettant notamment en place des mesures de traçabilité et de sanctions.

 

La nouvelle législation interdit que le bois exploité illégalement ou les produits qui en sont dérivés soient placés sur le marché de l'UE. Cela empêchera que ce bois soit blanchi efficacement une fois qu'il atteint l'UE. Actuellement, on estime qu'au moins 20% du bois et des produits dérivés du bois qui atteignent l'UE, sont d'origine illégale.

Les Etats membres auront la responsabilité d'appliquer des sanctions aux opérateurs qui enfreignent les règles, notamment des amendes prenant en compte le dommage environnemental causé, la valeur du bois et la perte de recettes fiscales pourront tous être pris en considération. Les pays de l'UE pourront également appliquer des sanctions criminelles aux trafiquants.

 

Pour garantir la traçabilité des produits, chaque opérateur intervenant dans la chaîne d'approvisionnement devra déclarer à qui il a acheté le bois et à qui il l'a vendu.

Le Conseil a déjà accepté de manière informelle les termes du projet de législation, mais doit encore l'approuver avant qu'il devienne une loi. Les règles devraient prendre effet en 2012 pour laisser aux opérateurs du bois le temps de s'adapter.

 

Il était indispensable d'interdire le commerce du bois abattu illégalement, et de renforcer les moyens de contrôle pour lutter contre la déforestation. Il n'est pas acceptable qu'aujourd'hui encore 20% à 40% du bois exploité dans le monde soit abattu de façon illégale. La lutte contre le réchauffement climatique passe par l'arrêt de la déforestation !

 

Cette nouvelle règlementation est un signal fort et permettra des changements profonds au sein de l'industrie forestière. Les entreprises européennes devront assurer la traçabilité du bois et des produits dérivés et justifier de la légalité de leurs marchandises. Une immense majorité des citoyens européens souhaite cette transparence et protéger ainsi l'environnement !